À la découverte du passé prohibitionniste de La Route des vins

Depuis déjà près de 175 ans que l’alcool façonne l’histoire et l’économie de la MRC Brome-Missisquoi. Bien avant que le circuit de La Route des vins ne devienne une des principales attractions touristiques du territoire, les chemins frontaliers de la région ont été un grouillant carrefour de centaines de milliers d’amateurs de bières, de whisky et autres bagosses pendant les diverses périodes de prohibition au 19e et 20e siècle.


Au fil d’une balade en voiture (ou en vélo), la MRC de Brome-Missisquoi vous invite à découvrir les personnages, les anecdotes ainsi que les divers lieux qui ont alimenté une des plus intrigantes périodes ayant marqué le développement de son territoire entre 1848 et 1933. Tout au long d’un circuit autoguidé d’un peu plus de 120 km, ponctué de panneaux et de capsules audios, une dizaine d’étapes vous sont suggérées. Ces arrêts évoquent notamment le souvenir du florissant réseau de contrebande dirigé par Conrad Labelle sur le lac Champlain, la tentative de meurtre sur le chef de la gare de Sutton Junction, sans oublier les légendaires hôtels d’Abercorn, dont le fameux Bucket of Blood, qui était témoin de beuveries et de bagarres épiques soir et matin.

Berceau de la tempérance
Ce parcours, qui côtoie la vingtaine de vignobles et autant de restaurants aux cachets multiples de la Route des vins, rappelle également que la MRC de Brome-Missisquoi a été le berceau des premiers mouvements de tempérance au pays. Principalement de religion protestante, des groupes de Dunham, Sutton, Bedford, Mystic et Cowansville, organisés sous forme de confréries et associations morales, réclamaient la prohibition pure et simple de l’alcool. C’était, selon eux, le mal du siècle.

C’est ainsi qu’est née, dans la région, en 1864 (soit trois ans avant la création de la Confédération), la toute première loi prohibitionniste du Canada-Uni.  Menée par Christopher Dunkin, qui était le député du comté de Brome de l’époque, cette première législation (la loi Dunkin) allait permettre aux conseils de comté et aux municipalités du Québec et de l’Ontario de voter, s’ils le souhaitaient, une interdiction pour toute vente ou consommation d’alcool dans un commerce sur leur territoire. Ce mouvement gagnera la presque totalité de l’Amérique du Nord, dont 90 % des municipalités du Québec.

 

Le référendum qui change tout
Or, arrive le référendum du 10 avril 1919 lors duquel la population du Québec, avec l’appui du clergé et du lobby brassicole, décide de faire bande à part. Alors que les autres provinces canadiennes et les États-Unis ont tous adopté des lois prohibitionnistes qui interdisent la production, la distribution et la vente d’alcool, les Québécois, eux, répondent majoritairement oui (à 78,62%) à la question : Êtes-vous d’opinion que la vente des bières, cidres et vins légers, tels que définis par la loi, devrait être permise?

Même si la majorité de la population du comté de Brome figure parmi les opposants lors de ce plébiscite, les quelque 50 km de frontière qui séparent la MRC de Brome-Missisquoi de l’État du Vermont vont former, pendant plus d’une décennie, une des lignes territoriales les plus excitantes à franchir d’un bout à l’autre de la province. Ce sera un territoire d’alcool et de plaisir.

Pour en savoir plus et connaître l’itinéraire du circuit, visitez circuitprohibition.ca

Par : Stéphanie Dupuy

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