Circuit de la Prohibition de Brome-Missisquoi
Saviez-vous que la région de Brome-Missisquoi a un passé prohibitionniste? 175 ans avant que La Route des vins ne devienne l’une des principales attractions touristiques, l’alcool façonnait déjà le territoire. À travers ce circuit audioguidé d’un peu plus de 130 km, découvrez les personnages, les anecdotes ainsi que les divers lieux qui ont marqué l’époque de la tempérance et de la prohibition dans la région frontalière de Brome-Missisquoi entre 1848 et 1933.
Sur la route, vous serez accompagné par la voix du coloré Alfred Carpentier, un contrebandier d’alcool fictif, mais dont les histoires sont bel et bien véridiques.
Crédit histoire: Laurent Busseau, Historien sans Frontière, 2020-2021
Crédit illustrations: Jordi Bernet
Étape 1 : Les pique-niques de la tempérance
Lutter contre le démon de l’Alcool. Tel était l’objectif des groupes de tempérance, dont celui du Dominion Alliance for the Total Suppression of the Liquor Traffic, qui organisaient des pique-niques sous de grandes tentes dans la région. Cowansville figure parmi les villes qui ont accueilli ces rendez-vous visant à contrer le « mal du siècle ».
📍 Parc Centre-Ville, 173, rue Principale, Cowansville
Étape 2 : Lac-Brome, berceau de la première loi prohibitionniste au pays
Christopher Dunkin, ex-député du comté de Brome, a été un des instigateurs de la toute première loi prohibitionniste du Canada-Uni, la loi Dunkin. Ardent défenseur de la tempérance, ce politicien, avocat, juge et éditeur est mort à Lac Brome (Knowlton) le 6 janvier 1881.
📍 Musée Lac-Brome, 130 Rue Lakeside, Lac-Brome
Étape 3 : Tentative de meutre à Sutton Junction
3-Sutton Junction est aujourd’hui un petit hameau paisible de Brome-Missisquoi. Pourtant, il y a plus de 125 ans, avant même l’entrée en vigueur de la prohibition américaine, la petite gare de l’endroit grouillait de passagers…et de contrebandiers d’alcool. Le chef de la gare, William Smith, disciple de la tempérance, a même failli y laisser la vie en juillet 1894.
📍 1111, chemin de la Vallée, Sutton
Étape 4 : Qui veut de la soupe?
Même si Sutton était sous le joug de la loi Scott, loi prohibitionniste adoptée pour l’ensemble du Canada confédéré en 1878, les hôteliers des environs parvenaient à échapper aux règles de tempérance. Ils avaient d’ailleurs établi un code pour vendre leur alcool. Ils affichaient de « la soupe » au menu.
📍 Sutton Brouerie, 27 Rue Principale Sud, Sutton
Étape 5 : Le « night life » d’Abercorn
Il y a 100 ans, le petit village d’Abercorn n’avait rien à envier aux grandes villes. Pas moins de cinq hôtels, dont le fameux Bucket of Blood, étaient remplis à craquer d’Américains venus se désaltérer quelques heures…ou plusieurs jours. Selon une rumeur, le Duc de Windsor, qui a renoncé au trône pour épouser Wallis Simpson, aurait même été un client d’un de ces établissements en 1928.
📍 Parc des Pionniers, 68 rue Thibault N, Abercorn
Étape 6 : Le bordel sur la « ligne »
Le bucolique chemin Cushion, à Glen Sutton, est reconnu pour avoir accueilli le repaire de la légendaire Queen Lil. Cette tenancière originaire de Boston (de son vrai nom, Liliane Miner), avait fait construire son « Palace of Sin » à cheval sur la frontière canado-américaine, à deux pas de la voie ferrée. L’établissement, qui avait un bar de chaque côté de la ligne, a connu ses heures de gloire de 1911 jusqu’en 1929, année où le bâtiment a croulé sous les flammes.
📍 Intersection du chemin de la Vallée-Missisquoi et du chemin Bridge, Sutton
Étape 7 : Des fermes convoitées
Tout au long de la frontière entre Frelighsburg et Sutton, plusieurs fermiers ont été soupçonnés d’avoir « loué » leur grange aux bootleggers qui y stockaient des caisses de bières et de whisky provenant de Montréal à destination de Burlington, au Vermont. Situé sur le chemin de Richford, à Frelighsburg, le Domaine Pinnacle a conservé une tourelle sur une de ses granges. Ce point d’observation aurait servi aux contrebandiers qui surveillaient les chemins. Les feux de véhicules qui passaient la nuit indiquaient généralement la présence de policiers.
📍 Hôtel de ville de Frelighsburg, 1 place de l’Hôtel-de-ville, Frelighsburg
Étape 8 : Trop de surveillance
Le poste de douane de St-Armand\Morses Line avait la réputation d’être parmi les mieux gardés de la frontière bromisquoise. Au cours de la prohibition de 1920 à 1933, le service des douanes américaines avait augmenté le nombre d’inspecteurs et d’officiers motorisés dans ce secteur qui constituait la porte d’entrée pour l’ouest du Vermont. Cette surpopulation policière a incité les bootleggers à utiliser d’autres issues.
📍 Hôtel de ville de Saint-Armand, 414 chemin Luke, Saint-Armand
Étape 9 : Le royaume de Conrad
Parmi les plus jeunes contrebandiers de la région, et fidèles alliés d’Al Capone, il y avait Conrad Labelle, un boulanger, originaire de Farnham, qui avait ouvert un commerce à Champlain, dans l’État de New York. Surnommé le Roi du Bootlegging sur le lac Champlain, Conrad Labelle s’est retrouvé à la tête d’un vaste réseau de contrebande allant de Lacolle jusqu’à Philipsburg de 1920 à 1923.
📍 Quai municipal de Philipsburg, 183 av. Champlain, Saint-Armand
Étape 10 : Les «petits films» de Dunham
Même si Dunham figure parmi les communautés bromisquoises où régnait la tempérance, certaines de ses activités attiraient la clientèle américaine. On raconte qu’au cœur de la prohibition de 1920 à 1933, un certain Herbert Call louait une des salles de l’hôtel de ville afin d’y projeter des films muets américains mettant en vedette Louise Brooks ou Charlie Chaplin. Ces productions hollywoodiennes, un peu trop olé olé pour les mœurs conservatrices, étaient censurées chez nos voisins du sud.
📍 Brasserie Dunham, 3809 rue principale, Dunham